Aujourd’hui, les marchés concurrentiels développés à coups de directives européennes ne fonctionnent pas et ne parviennent pas à digérer les changements technologiques (gaz de schistes) et/ou politiques (subventions massives aux énergies renouvelables entre autres). De plus, comment les technologies de l’énergie vont-elles évoluer et quel sera le paysage énergétique de demain ? Bien malin qui pourrait le dire… C’est dans ce contexte d’incertitudes que les directions d’Engie comme EDF entendent transformer leurs entreprises respectives voire les bouleverser en un temps record
A EDF, dans le cadre de CAP 2030, il s’agit de transformer le groupe pour l’adapter aux nouveaux marchés notamment celui des énergies renouvelables et du stockage. EDF ambitionne « d’être l’électricien performant et responsable, champion de la croissance bas carbone. » Sa stratégie est d’ailleurs assez voisine de celle de son principal concurrent en France.Tout récemment une nouvelle direction « Nouveaux Business » a été créée pour développer de nouvelles activités : projets dans la rénovation énergétique, la gestion des flexibilités sur le réseau électrique ou projets de bornes de recharges intelligentes. C’est une transformation majeure que veut opérer Jean-Bernard Lévy notamment par l’évolution de la culture interne sur l’intrapreneuriat. Ces nouvelles activités s’organisent donc autour de différentes filiales qui ne bénéficient pas du statut des IEG : Sodetrel, filiale pour la recharge des véhicules électriques ; NEot, filiale d’investissement dédiée aux ENR et à la mobilité électrique, etc…
La digitalisation, la décentralisation, la décarbonisation
Isabelle Kocher, Directrice Générale d’Engie, a décidé pour sa part de bouleverser le groupe en 3 ans sur la base de deux principes : le premier admet que l’avenir appartient aux « 3 D » : Digital, Décentralisation, Décarbonisation ce qui induit, selon elle, la vente des activités traditionnelles pour financer ce virage ; le second principe affirme qu’il faut sortir du marché actuel, pour aller vers les activités régulées ou subventionnées. La démarche est cohérente avec le premier principe (par exemple : les usines de production d’électricité thermiques sont carbonées et centralisées et leur production est souvent vendue au prix de marché : donc en les vendant, le groupe remplit à la fois le premier et le deuxième principe)
La réponse aux besoins est absente !
La rentabilité financière à court terme guide ces stratégies. Bien sûr, pour éviter des catastrophes qui nuiraient aux affaires, mieux vaut quand même dépenser un peu dans la « vieille économie » (des moyens de production conventionnel) pour éviter la rupture. D’ailleurs, via les marchés de capacité, les énergéticiens vont bénéficier de prix subventionnés. Les 3D sont certainement l’avenir… mais dans 10 ou 20 ans, d’ici là comment continuer à répondre aux besoins ?
Qui va payer une transition équilibrée ?
Ces évolutions touchent de plein fouet les salariés
Une autre organisation du secteur énergétique
Il est donc urgent de se questionner vis-à-vis de toutes ces transformations et de proposer une autre organisation du secteur qui réponde aux besoins, aux enjeux technologiques et sociaux (emplois, garanties sociales). C’est toute la logique d’un pôle public de l’énergie que de coordonner les investissements, la réponse aux besoins, la recherche et la mise en place de nouvelles technologies, tout en garantissant au personnel un statut de haut niveau.